Inventer ou réinventer ? Upgrade Media a travaillé sur les maquettes et les identités visuelles de 1899 L’Hebdo, Corse-Matin et La Provence. Dans la presse, si l’enjeu n’était pas le même, il n’y a souvent qu’un pas de la naissance à la renaissance.
D’un côté, 1899 L’Hebdo. De l’autre, Corse-Matin et La Provence. D’un côté, un nouvel hebdomadaire lancé par le groupe La Provence il y a quelques semaines. De l’autre, un titre créé en 1944, “vecteur incontournable du paysage médiatique corse”, comme le décrit Henri Mariani, son directeur de la rédaction. Et un journal issu d’une riche histoire héritée du Provençal et du Méridional. Trois titres dont les identités visuelles et les maquettes ont été travaillées par les équipes d’Upgrade Media. Et pourtant… deux enjeux bien différents : dans le premier cas, la création “from scratch”, ou quasiment, d’un journal et de son logo ; de l’autre, une refonte en profondeur de l’existant.
Tout à inventer : 1899 L’Hebdo, une création originale
Faire ou refaire, est-ce si différent ? Oui. “Quand tu reprends une identité existante, comme ça a été le cas de Corse-Matin, il y a un héritage que tu ne dois pas pervertir”, confie Grégory Leduc, designer éditorial d’Upgrade Media qui a mené à bien les deux projets. “La réflexion est forcément très différente lorsque tu crées un support qui est nouveau, comme c’était le cas de 1899 L’Hebdo. Le degré d’appartenance est moindre, même s’il fallait rattacher l’hebdo à la galaxie La Provence.”
“Je me suis appuyé sur le savoir-faire de La Provence… et imprégné de l’OM”
Grégory Leduc le rappelle : “Dans la presse, le logo est souvent un héritage du passé.” Alors, quand, de passé, il n’y a pas, comment procéder ? “Il a fallu trouver cette écriture graphique qui a son identité propre. Pour y parvenir, je me suis appuyé sur le savoir-faire du service des sports de La Provence, bien entendu.” Il a également mené son traditionnel audit auprès des différentes composantes du journal, afin de s’imprégner, ici, non pas de l’identité existante, mais plutôt de l’identité représentée, encore en projet.
“Enfin, au-delà de La Provence, c’est l’OM qui a parlé. C’est un sujet tellement riche et passionnel, qui propose une infinité d’entrées différentes : le sujet, c’est l’OM. Je m’en suis vraiment imprégné.”
Tout à réinventer : Corse-Matin, une nouvelle proposition qui s’appuie sur une histoire déjà riche
Faire ou refaire, est-ce si différent ? Pas complètement. Car la refonte d’une maquette est aussi l’occasion de repenser son journalisme : “Oui”, abonde Henri Mariani. “À Corse-Matin, on en a profité pour tout repenser. L’organisation des locaux, la ligne éditoriale… On est attentifs à ce qui se lit sur le web, quels sont les articles et thématiques les plus lus pour en tirer des enseignements éditoriaux. En somme, on ne pense plus au journalisme dans un huis clos, on le pense en réfléchissant à ce que le lecteur consomme comme type d’informations.” La Une aussi a été transformée et peut désormais se décliner sous trois modèles différents entre lesquels il est possible d’alterner, ce qui offre une plus grande souplesse éditoriale.
De gros changements qui se traduisent dans la maquette et le rubriquage. Corse-Matin en a profité pour “s’aligner sur les nouvelles habitudes de consommation du lecteur”. “Le lecteur passe moins de temps sur un article, il faut en tenir compte sur tous nos supports, du web au print, en passant par l’appli. Et proposer des contenus à la lecture plus facile et rapide.”
Le nouveau logo de Corse-Matin conserve “la couleur historique du journal”
Mais, lorsqu’on refait, réinvente ou recrée, lorsqu’on renaît, tout simplement, l’histoire n’est jamais loin. Le nouveau logo de Corse-Matin l’illustre à souhait : “Nous avons décidé de remplacer le logo historique par un logo bicolore. “Corse” est en noir anthracite ; “Matin” en rouge. Le noir évoque les couleurs du drapeau à tête de Maure et le rouge, lui, la couleur historique du journal.” “Historique”, le mot est dit : l’héritage du passé, l’identité locale et l’ancrage territorial… les entrées sont nombreuses.
Avec une baseline qui rappelle ces fondamentaux : “A Corsica in Fatti”. “La Corse en vrai” ou “La Corse dans les faits”. “Elle répond à ce qu’est notre mission”, conclut Henri Mariani : “Parler de la Corse telle qu’elle est, sans tomber dans le cliché ou le fantasme, en la décrivant quotidiennement sur tous nos supports. C’est rappeler, au fond, notre métier de journaliste. La Corse sans faux-fuyants, mais sans excès.”
Tout à moderniser : La Provence, voyage vers le futur
Faire ou refaire, est-ce si différent ? Non. Dans les deux cas, la question qui s’impose est moins de savoir ce que l’on était, faisait ou voulait hier… que de réfléchir à ce que l’on veut être demain. C’était le cas de La Provence, un titre dont Upgrade Media a mené la rénovation l’année dernière. “Il y avait urgence à faire évoluer notre identité”, nous confiait Aurélien Viers, directeur de la rédaction, il y a quelques mois. “On avait accumulé un peu de retard, sur le numérique notamment. Le site web n’avait pas été changé depuis de nombreuses années, la maquette papier non plus, depuis 2008. Il était plus que temps !” L’objectif ? “On souhaitait qu’il y ait une cohérence beaucoup plus affirmée entre le web et le papier.”
À l’instar d’Henri Mariani, Aurélien Viers l’affirme : “Il est essentiel d’avoir un œil contemporain. Les goûts des lecteurs ont beaucoup changé, la façon dont on lit également… On constate des évolutions très importantes et ça se voit, d’ailleurs, lorsqu’on compare les maquettes d’il y a 15 ans et celles d’aujourd’hui.”
“Donner mieux à lire et mieux à voir”
Celle d’aujourd’hui, pour La Provence, c’est une maquette beaucoup plus rythmée qui imprime une hiérarchisation de l’information plus forte en allégeant les pages. Comme le résume Grégory Leduc : “L’idée, c’est de donner mieux à lire et mieux à voir.”
Le logo, quant à lui, montre tout ce que l’on peut changer avec une fine économie de moyens. “Ce sont les couleurs initiales qui ont été un peu réveillées dans un souci de modernité. En gardant les mêmes référents colorimétriques, on a pu obtenir des couleurs plus éclatantes et engageantes.”
Droit au but, en toute simplicité : que l’on fasse ou que l’on refasse, et si c’était ça, la recette d’une identité réussie ?
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