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Aurélien Viers : “Notre objectif : devenir un média de référence régional multicanal”

Un nouveau logo. Une nouvelle maquette. De nouvelles dynamiques web-first. Accompagné par Upgrade Media dans ces changements, le journal La Provence a opéré, ce mardi 30 mai 2023, une mue profonde. Avec un objectif à court terme : affirmer, sur son territoire, sa position de média de référence… à 360°. Sur le print, bien sûr ; sur le web également. Rencontre avec Aurélien Viers, Directeur de la rédaction. 

Le projet éditorial que vous aviez présenté à votre rédaction a été validé, la semaine dernière, par une grande majorité des journalistes de La Provence. C’était une étape importante ?

Aurélien Viers. Oui, le projet éditorial présenté a été assez largement soutenu. C’est un projet qui essaie d’aller de l’avant. Les journalistes avaient besoin que l’on passe à l’étape suivante, tous ensemble, et eux, et moi. Ça valide le travail réalisé collectivement depuis plusieurs mois, ainsi que la stratégie globale qui était voulue au moment du rachat. Et ça va nous permettre d’avancer sereinement !

Comment avez-vous procédé pour élaborer ce projet ?

AV. Il y a eu plusieurs étapes. J’ai beaucoup écouté la rédaction, pris un maximum d’informations et rencontré autant de journalistes, de chefs de service que possible… Et puis, très vite, je me suis dit que c’était le moment de rassembler tout le monde pour réfléchir et mettre en commun nos idées. C’était vraiment nécessaire : on a beaucoup de services, neuf éditions, quinze agences, qui avaient finalement assez peu d’occasions de se rencontrer. Ça faisait un petit moment qu’ils n’avaient pas pu travailler ensemble sur des sujets importants, comme le numérique ou l’offre éditoriale. Il y a eu énormément de réflexions intéressantes lors de deux ateliers qui ont nourri mon projet éditorial. Ces ateliers ont permis de dégager 22 chantiers sur lesquels travailler. Parmi eux, certains ont été plébiscités par la rédaction à l’issue du vote : la création d’un format vidéo didactique, celle d’un guide pratique pour les week-ends, d’un format long récit également… On a vraiment essayé d’associer toutes les forces vives de La Provence. 

“On veut être à la fois plus proche, plus ouvert, plus innovant”

Aurélien Viers, Directeur de la rédaction de La Provence

Quels sont les objectifs du projet éditorial qui a découlé de cette grande consultation ?

AV. Je dirais que c’est une transformation de l’offre. On veut être à la fois plus proche, plus ouvert, plus innovant… Plus proche des gens en local, plus proche de leurs préoccupations quotidiennes. Plus ouvert aux nouvelles cibles comme les jeunes parents ou les néo-Provençaux. Plus innovant sur la mise en scène de l’information, notamment sur le web et les réseaux sociaux. On doit pouvoir créer notre propre actualité et devenir, tout simplement, un média de référence régional multicanal. On est déjà la référence sur le papier, parce que, dans certains départements et dans de nombreuses zones, on est souvent le seul quotidien régional. Mais on veut aussi devenir une référence sur le web, face aux nouveaux acteurs, face à la concurrence des pures players. Une référence en matière de vidéos, en matière de podcasts… C’est la raison pour laquelle on a réorganisé la rédaction, en renforçant les pôles dédiés aux reportages, mais aussi à l‘édition, sur le papier comme sur le web.

Quelles sont les bases de l’identité de La Provence, ses valeurs, aujourd’hui, qui ont guidé la création de cette nouvelle version ? 

AV. C’est la crédibilité de l’information avant tout, la force de sa rédaction, mais aussi l’indépendance éditoriale. On regarde l’intérêt du lecteur, on s’appuie sur des faits. On a une ligne éditoriale apolitique et sans parti pris, mais on peut aussi avoir des engagements démocratiques, avec la volonté de tenir l’extrémisme à distance d’un point de vue politique. Enfin, on est ancré territorialement. C’est d’ailleurs ce que l’on souhaite faire davantage : valoriser encore plus ces hommes, ces femmes, ces initiatives, ces entreprises, ces artistes qui font, chaque jour, notre territoire.

Pourquoi orchestrer un tel changement ?

AV. Je pense qu’il y avait une urgence à faire évoluer notre identité. On avait accumulé un peu de retard, sur le numérique notamment. Le site web n’avait pas été changé depuis de nombreuses années, la maquette papier non plus, depuis 2008. Il était plus que temps ! Le Designer éditorial d’Upgrade Media, Grégory Leduc, (retrouvez notre interview avec Grégory) a opéré pas mal de bouleversements : il a travaillé sur les aplats, les couleurs, mais aussi sur les blancs… La mise en page a vraiment été allégée, en cherchant à amender profondément la hiérarchisation de l’information. On a désormais des ouvertures et des têtières plus fortes avec une bien meilleure fluidité et, d’une façon générale, une cohérence beaucoup plus affirmée entre le web et le papier. 

“On a cherché à amender profondément la hiérarchisation de l’information”

Vous parlez d’urgence à changer…

AV. Oui, parce qu’à mon sens, il est essentiel d’avoir un œil contemporain. De vivre avec son temps, en somme. Les goûts des lecteurs ont beaucoup changé, la façon dont on lit également, les temps de lecture aussi… On constate des évolutions très importantes et ça se voit d’ailleurs, lorsqu’on compare les maquettes d’il y a quinze ans et celles d’aujourd’hui.

Concrètement, quelles sont les nouveautés de cette maquette ?

AV. Comme je l’ai dit, je pense que la hiérarchie de l’information est bien plus forte et claire qu’avant. Le format de La Provence est un format berlinois avec de grandes pages, qui étaient très denses, avec énormément d’entrées… C’est parfois pratique, mais, on recherchait davantage de clarté. La nouvelle maquette va dans ce sens : elle met beaucoup plus en valeur les photos avec moins de couleurs et d’aplats. Et elle crée davantage de repères visuels pour le lecteur.

Nouvelle identité visuelle, nouveau logo, nouvelle page d’accueil pour ⁦⁦@laprovence⁩. Bravo à toutes les équipes qui ont travaillé en un temps record ! pic.twitter.com/EUI6YuWVGA

— Aurélien Viers (@aviers) May 29, 2023

Le logo aussi a vécu une petite révolution. En quoi incarne-t-il vos nouvelles ambitions ?

AV. Oui, il a subi un profond changement. On voulait un logo plus arrondi, plus marqué, avec une police différente.  On a conservé le même bleu, notre identité, mais on a remplacé la barre rouge par un point, qui porte beaucoup plus de sens. C’est un signe de ponctuation qui doit évoquer l’image d’un média crédible, d’un média de référence. Ce point est rouge, en rappel de notre identité visuelle. Il assoit l’autorité de La Provence, mais se fait également l’écho de nos ambitions numériques, en rappelant le traditionnel “.com”. 

Quelles ont été les réactions en le découvrant ?

AV. Il a été très bien reçu ! Ça a fait du bien à tout le monde. C’est un changement qui se faisait vraiment attendre. On voulait cette clarté, cette maquette plus aérée avec des ouvertures, des têtières, des pages beaucoup plus simples à lire. Il y a eu un très, très bon accueil de la part de tout le monde.

En quoi cette maquette va vous permettre de mieux valoriser votre journalisme ?

AV. Que ce soit sur le plan des textes ou des photos, je pense qu’on va pouvoir mettre en valeur le travail des journalistes de façon plus efficace, sans qu’il soit noyé dans trop d’aplats, d’encadrés, de “tiroirs”. Et proposer une bien meilleure mise en scène pour les récits, les reportages, mais aussi les colonnes de brèves qui seront plus marquées et normées. C’est aussi cette idée, que le fond doit guider la forme, comme le répète l’équipe d’Upgrade Media : on veut pouvoir créer l’actu, s’imposer comme un média de référence, avoir moins de petits articles, de petites brèves et davantage d’articles plus forts. 

“Proposer un journal plus contemporain et dans l’air du temps”

Avec cette nouvelle identité, vous avez l’objectif de partir à la conquête de nouvelles audiences, de nouveaux territoires…

AV. Oui, bien sûr ! Partir à la conquête de nouvelles audiences, aller chercher un public plus jeune sur le papier et sur le web… C’est, en somme, proposer un journal plus contemporain et dans l’air du temps, avec une offre éditoriale renouvelée. Et cela passe forcément par un nouveau visage, mais aussi une organisation de la rédaction cohérente avec ce visage. 

Pourquoi avoir fait appel à Upgrade Media ? Qu’est-ce qui vous a convaincu ?

AV. C’est l’expérience de gros chantiers importants menés avec succès par David (Sallinen) et sa brillante équipe dans la presse, et plus spécifiquement en PQR : La Voix du Nord, Le Télégramme, La Dépêche du Midi… Il y a eu de très gros chantiers couronnés de succès. Et puis cette expertise, également, des formats web/print, avec l’idée de partir du fond pour réinventer la forme. Il y a cette habitude, chez Upgrade, de repenser les formats web et les formats print en même temps, avec une expertise dans les deux domaines. C’est très rare d’avoir une culture web aussi forte, tout en connaissant aussi profondément le papier ! Travailler avec des experts qui sont capables de penser les gabarits, les lignages à la fois pour le papier et pour le web, c’est précieux et rassurant.

On dit que les audiences papier s’érodent. Quelle place occupe le papier pour La Provence alors même que votre projet numérique affirme de grosses ambitions ? 

AV. Le papier reste le cœur de notre identité. On est un journal et on l’est encore pour de longues années. Certes, on a l’ambition de devenir un média à 360°, ce qui inclut le web, le podcast, la vidéo, le texte… Mais, notre identité, et on le revendique, et on en est fiers, c’est le journal papier. C’est un pan fondamental de notre activité. On a d’ailleurs lancé un hors-série sur l’OM la semaine dernière ! On ne renie pas notre histoire, bien au contraire.

Propos recueillis par Rémi Capber, journaliste Upgrade Media.


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