Face à l’effondrement du trafic social, les éditeurs explorent WhatsApp Channels. Un levier prometteur, mais freiné par une logique encore artisanale.
Lancé globalement en septembre 2023, WhatsApp Channels permet aux éditeurs de diffuser contenus et liens à des abonnés sans filtre algorithmique. Une réponse directe à la chute des referrals depuis Facebook ou X. Mais entre logique privée, absence de monétisation et process manuels, ce nouveau canal d’engagement oscille entre enthousiasme et limites structurelles.
1. Pourquoi ce sujet est crucial aujourd’hui ?
Le Digital News Report 2024 du Reuters Institute est sans appel : les éditeurs quittent les plateformes sociales traditionnelles pour bâtir une relation directe avec leur audience. WhatsApp, fort de ses 2 milliards d’utilisateurs, s’impose comme un refuge. Là où l’app est ancrée dans les usages quotidiens, elle devient un vecteur stratégique de distribution, à condition d’en assumer la complexité. « C’est incroyablement libérateur et gratifiant », résume Dan Russell (Reach PLC), qui touche plus de 2 millions d’abonnés sur WhatsApp.
2. Ce qu’on croit savoir
On imagine WhatsApp comme un simple relais d’audience. En réalité, chaque éditeur réinvente son modèle d’engagement. Loin des logiques de masse, l’efficacité passe par l’hyper-ciblage : la chaîne « Kardashians News » du Daily Mail (2,7 M d’abonnés) surperforme la chaîne généraliste. Idem pour Noticias Telemundo, qui mise sur les vidéos courtes et les sondages. Le piège : croire que ce levier peut se piloter sans effort. Le processus reste encore largement manuel et peu fluide, ce qui freine l’industrialisation du canal.
3. Ce que ça change ailleurs
Aux États-Unis, Axios a transformé WhatsApp en canal de newsletter exclusif. Chaque jour, un condensé d’actu conçu pour l’interface mobile, dans un format natif WhatsApp. En Amérique latine, Noticias Telemundo indique que WhatsApp est devenu une source de trafic plus importante que X, preuve que le canal ne se limite pas à l’engagement : il alimente aussi l’audience propre.
4. Le vrai enjeu à ne pas rater selon Upgrade Media
La vraie bascule ne se joue pas sur le reach, mais sur l’autonomie éditoriale. WhatsApp oblige les rédactions à repenser leur production pour un canal privé, vertical, sans médiation. Cela suppose des arbitrages forts : quels contenus envoyer, à quel rythme, dans quel format ? Derrière l’apparente simplicité, WhatsApp devient un banc d’essai pour un nouveau rapport audience–éditeur : moins de masse, plus d’attention. Une transformation culturelle autant qu’organisationnelle.
5. À tester dès demain
- Tester une chaîne ultra-spécifique, pensée comme produit éditorial.
- Identifier des formats WhatsApp natif (vidéo courte, brief du matin, etc.).
- Dédier une ressource humaine à l’animation de la chaîne.
Pour en savoir plus : WhatsApp Channels offer engagement opportunity but constraints remain (INMA)
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