Les preuves s’accumulent pour montrer que le journalisme de qualité ne fait que gagner en valeur à mesure que l’IA se cannibalise et se noie dans un océan d’informations insignifiantes. Le défi consiste toutefois à convaincre le public de notre différence.
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C’est la rentrée et j’espère que vous gardez un bon souvenir de vos vacances sur le plan perso. Sur le plan professionnel, le mois d’août est rarement le moment fort de l’année éditoriale. Alors que les juges et les politiciens prennent des vacances, les journaux se retrouvent toujours à remplir leurs pages avec des articles insignifiants qui ne passeraient normalement pas le cap de la rédaction. Dans le calendrier de l’actualité britannique, le mois d’août est appelé «The Silly Season » (la saison folle) où l’actu sérieuse rallentit, amenant les médias à publier des contenus frivoles. La saison folle n’est peut-être pas une nouveauté pour vous – le nom remonte aux années 1860 – mais l’IA lui a ajouté une toute nouvelle dimension.
En août, mon histoire préférée était que Toyota avait mis au point un moteur de voiture fonctionnant à l’eau, ne rejetant que de la vapeur d’eau et bouleversant complètement le marché des véhicules électriques. Il semble que cette histoire ait d’abord été publiée sur Facebook, puis reprise par MSN, avant de se répandre rapidement et d’être largement diffusée. L’AFP est même allée jusqu’à publier un démenti soulignant qu’il s’agissait d’une fausse nouvelle, et Forbes a publié un article indigné dénonçant le ridicule de cette histoire.
Si vous suivez mon profil LinkedIn, vous savez déjà que mon attention a été attirée par une étude du Nieman Lab qui montre que le fait de sensibiliser les lecteurs aux faux contenus, générés par l’IA, les incite à se tourner vers un journalisme de qualité. C’est une bonne nouvelle. Même s’il est peu probable que les journalistes de l’AFP ou les rédacteurs de Forbes se soient engagés à corriger les contenus IA, générés pendant la saison creuse, ces corrections aident au moins les lecteurs à comprendre la valeur d’un contenu de qualité.
Passons maintenant à la partie bonne nouvelle/mauvaise nouvelle de l’histoire. Tout d’abord, si l’avenir du journalisme de qualité implique de corriger beaucoup de contenus médiocres générés par l’IA, au moins nous ne manquerons pas de travail. Nous connaissons depuis un certain temps les pièges de l’IA pour les baby-boomers. Alors que les pièges pour les baby-boomers et les histoires de moteurs à eau ne sont peut-être que des générateurs de trafic médiocres, il existe de plus en plus de preuves que l’IA pourrait jouer un rôle croissant et de plus en plus insidieux dans la société.
Le dernier rapport de NewsGuard False Claim, publié il y a quelques jours seulement, montre que les fausses informations générées par l’IA ont doublé au cours de l’année dernière. Il est effrayant de constater que les principaux moteurs d’IA, qui prétendaient auparavant ne pas avoir connaissance des détails les plus controversés de l’actualité, fournissent désormais des informations assurées, mais fausses ou trompeuses, dans plus d’un tiers des cas. La confiance et l’autorité avec lesquelles ils le font signifient que ce ne sont pas seulement les baby-boomers crédules qui sont susceptibles d’être trompés.
La bonne nouvelle, c’est qu’il ne manquera pas de fausses informations générées par l’IA à réfuter. Le plus difficile sera de nous distinguer de ce que nous réfutons.
Les experts exhortant les éditeurs de presse à adopter l’IA ne manquent pas, mais nous devons le faire avec lucidité et beaucoup de transparence. L’AFP a sans aucun doute raison de dénoncer les fausses informations et, ce faisant, de mettre en avant sa propre réputation, mais l’AFP entretient également des relations avec Mistral, qui promet des informations fiables. Or, le rapport de NewsGuard révèle que Mistral diffuse des contenus de propagande russe délibérément rédigés pour plaire à l’IA et fausser l’information. Si tout cela ne vous donne pas encore envie de vous servir un verre, n’oubliez pas que NewsGuard, le fléau des contenus IA mensongers, utilise lui-même l’IA pour l’aider à détecter la désinformation.
Les outils sont là pour détecter, les journalistes sont prêts à démystifier, mais le défi sera de s’assurer que les lecteurs sachent vraiment qui sont les bons dans tout cela.
Pour plus d’informations et d’opinions sur la manière dont les leaders des médias abordent l’intégration de l’IA dans nos salles de rédaction, prenez le temps d’écouter notre série de podcasts Media Pionniers.
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