Autrefois, la science-fiction rêvait de machines au travail, fidèles alliées d’un monde meilleur. On pensait que les machines nous libéreraient. Aujourd’hui, le potentiel de l’IA fait peur. Et cette peur pourrait bien nous empêcher d’en profiter.
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L’IA pourrait-elle vous remplacer ? Soyez honnête : y avez-vous déjà pensé ?
À ce sujet, l’expérience d’Upgrade Media en formation nous montre à quel point cette question est présente dans les esprits, et revient souvent sur les lèvres des équipes éditoriales.
Bien sûr, c’est effrayant, mais les experts avec lesquels nous nous sommes entretenus ont de bonnes raisons de croire qu’il s’agit d’une période d’évolution, et non d’extinction.
La crainte n’est pas surprenante. Les articles détaillant les 100 professions qui disparaîtront dans un avenir proche à cause de l’IA ne manquent pas. Le fait qu’ils soient souvent écrits par l’IA, et inévitablement illustrés par elle, ne fait qu’ajouter au sentiment de malheur imminent.
Le journalisme est, bien entendu, l’un des emplois figurant sur la liste des 100 professions en voie de disparition, et les journalistes le savent, ce qui signifie qu’ils ne partagent souvent pas l’enthousiasme de leur organisation pour le potentiel de l’IA.
Le sentiment de menace lui-même peut freiner les avantages que l’IA offre indubitablement.
Lors de la première saison de Médias Pionniers, qui a rassemblé des experts, des professionnels des médias pour mieux comprendre comment agir dans un environnement médiatique bouleversé, j’ai eu le plaisir de m’entretenir avec avec Philippe Laloux de la rédaction du journal Le Soir. Ce journaliste expérimenté, explorateur du numérique, formateur de la nouvelle génération de journalistes, nous a parlé de l’impact de l’IA sur le journalisme en allant droit au but.
D’après son expérience, le problème réside trop souvent dans le fait que les organisations voient l’IA en termes de productivité (ce qui est indubitablement le cas), mais ne parviennent pas à souligner (ou même à comprendre) à quel point cela ne fait qu’accentuer l’importance de la valeur éditoriale.
Comme le rappelle Philippe au cours de notre échange, dans une salle de conseil d’administration, la discussion se résume souvent ainsi : « Quelle est la promesse ? Des gains de productivité. Vous allez réaliser d’importantes économies… »
Dans la salle de rédaction, cependant, l’histoire n’est pas tout à fait la même. « On a cru vraiment que c’était un game changer complet. On voit que le taux d’adoption patine malgré tout.”
La raison en est que, du point de vue d’un journaliste, « vous allez générer 100 brèves ou 1 000 brèves en une minute sur un sujet, voire 100 000 brèves, mais sans aucune profondeur, sans aucune valeur ajoutée. À quoi ça sert de générer du bruit éditorial?”
La bonne nouvelle est que la descente aux enfers de l’IA (que certains utilisent pour produire du slop) ne fait que souligner l’importance de la touche véritablement humaine, de la valeur éditoriale, de la marque qu’il faut maintenir. En même temps, l’IA bien pilotée peut être une partie de la réponse, mais aussi le couperet si son usage n’est pas là pour tirer vers le haut.
D’ailleurs, Philippe le dit très bien « Donc il faut se mettre du point de vue du journaliste. (…) Il veut retrouver de la confiance, regagner de la fiabilité, de la crédibilité auprès de ses publics. Et justement, l’IA peut être une solution. Je pense qu’aujourd’hui, les outils que l’on a à notre disposition sont à la hauteur justement de ses attentes pour le journaliste, pour pouvoir mieux faire son métier, il peut être augmenté. »
Mais si vous ne nous croyez pas sur parole et avez manqué Philippe en direct sur LinkedIn, vous pouvez retrouver le Replay ci-dessous ou attendre les versions podcast et vidéos courtes sur le site Upgrade Media. Nous vous tiendrons au courant au fur et à mesure de la publication. En attendant, nous sommes preneur de vos commentaires sur ce débat indispensable !
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