À 155 ans, La Dépêche du Midi se réinvente. Son DG, Jean-Nicolas Baylet, mise sur le numérique, la vidéo et la diversification pour ancrer durablement le groupe dans l’avenir.
À écouter Jean-Nicolas Baylet, DG du groupe La Dépêche, une chose est claire : pour survivre, la presse régionale n’a pas d’autre choix que de changer. Et vite. Ce n’est pas une transformation, c’est une révolution. Numérique, vidéo, réseaux sociaux, intelligence artificielle… Tout l’écosystème de la PQR est bouleversé.
« Accepter le changement » : une douleur nécessaire
Jean-Nicolas Baylet le dit sans détour : « il a fallu laisser derrière nous cette espèce de nostalgie d’une époque passée ». L’arrivée du numérique, au début des années 2000, a d’abord suscité un déni. Mais les effets sur le modèle économique ont été immédiats. Pour survivre, le groupe a dû réduire ses coûts, revoir ses priorités, et surtout, « accepter le temps réel ».
Fini l’édition quotidienne comme horizon. Il a fallu désapprendre pour réapprendre, et faire le deuil d’un cycle lent de changements. Désormais, c’est la logique start-up qui s’impose : test & learn, agilité, remise en question permanente.
Un « acte de foi » pour miser sur le digital
Quand il prend la tête du groupe, la monétisation du numérique est quasi inexistante. « C’était un acte de foi de dire : oui, il faut investir sur le numérique », raconte Baylet. Et pour cause : la gratuité de l’information a profondément déstabilisé le secteur. Pourtant, il a fallu convaincre que ce pari risqué finirait par payer. « Il n’y aura pas de retour en arrière », assène-t-il.
Cette vision a permis de capitaliser sur des petits succès numériques qui, peu à peu, ont bâti une dynamique vertueuse. Une stratégie de long terme, construite sur la conviction que le numérique ne serait plus un canal parmi d’autres, mais le cœur de l’activité.
2025 : la vidéo comme levier principal
Aujourd’hui, la priorité est claire : la vidéo. Non pas uniquement pour séduire les jeunes, mais pour s’adapter aux usages de tous. « Il se passe quelque chose autour des réseaux sociaux, de la vidéo et de l’intelligence artificielle », affirme Baylet.
Avec des publics plus éclatés que jamais (les jeunes sur TikTok, les quinquas sur Facebook), le défi est d’adapter l’écriture journalistique à chaque support. Être présent partout, avec les bons formats et les bons récits, sans jamais renoncer à la qualité de l’information.
Diversification : festivals, lieux de vie, brasserie…
La mutation ne concerne pas que les formats. Elle est aussi économique et territoriale. Le groupe investit dans des festivals, des événements, une télé locale (#ViaOccitanie) et même une brasserie sur la place du Capitole à Toulouse. Pourquoi ? « Parce qu’il fallait aller chercher des revenus nouveaux », mais aussi pour rester un acteur culturel à part entière.
Créer des lieux de rencontres, d’échange, de vie : c’est une autre manière de faire du journalisme de proximité. Et surtout, c’est une réponse à une attente forte du public.
Ce témoignage résonne avec les grands enjeux de toute la presse locale aujourd’hui : s’adapter ou disparaître. Le groupe La Dépêche ne cherche pas à sauver un modèle, mais à en inventer un nouveau, en assumant l’incertitude. Et c’est précisément ce qui rend cette trajectoire précieuse à entendre lors de notre session du 17 juin…
Inscrivez-vous à la session du 10 juin – 14h30 !
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