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Mistral, le mystérieux

Sous pression américaine, l’Europe cherche son champion IA. « Le Chat » français, rapide, ouvert et multilingue, esquisse une contre-offensive technologique continentale.

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Les États-Unis sont-ils devenus l’adversaire de l’Europe ? Chez Upgrade Media, nous évitons d’ordinaire la géopolitique : la presse a déjà bien assez de défis sans s’embarquer dans des combats de super-puissances.

Cependant, alors que la révolution de l’IA s’accélère pour les éditeurs, nous devons désormais nous pencher sur les rivalités transatlantiques, et les résultats ne sont peut-être pas tout à fait ceux qu’espéraient les occupants de la Maison-Blanche.

Lorsque le vice-président américain JD Vance s’est exprimé lors du sommet de Paris sur l’IA en février dernier, il a critiqué, voire menacé l’Union européenne. « Nous avons besoin de régimes réglementaires internationaux qui favorisent la création de la technologie de l’IA plutôt que de l’étrangler, et nous avons besoin que nos amis européens, en particulier, envisagent cette nouvelle frontière avec optimisme plutôt qu’avec inquiétude”.

Ce qui, compte tenu de la proximité des frères de la technologie avec Trump, pourrait ressembler à l’Europe à qui l’on dit de se coucher et de se laisser faire pendant que ChatGPT, Gemini et autres se déchaînent.

Mais que se passerait-il si c’était exactement le contraire qui était sur le point de se produire ? Et si la guerre commerciale de Trump se retournait complètement contre elle et voyait l’Europe tourner le dos à la technologie américaine ?

Nous avons déjà vu l’effet Trump stimuler les fabricants d’armes européens. Il pourrait en être de même pour la technologie, et dans le domaine de l’IA, en France du moins, cela signifie qu’il est temps de s’intéresser de plus près à Mistral.

Dans un monde où les éditeurs de presse semblent déchirés entre la signature et le procès avec l’IA, Mistral est surtout connu pour son accord avec l’AFP. Ce n’est pas une mince affaire, étant donné l’ampleur des reportages de l’AFP et le potentiel qu’il offre à Mistral pour continuer à s’améliorer dans une variété de langues. Mais cela va plus loin, car en s’alignant sur l’AFP, Mistral se pose en défenseur insolent de la France. Ce n’est évidemment pas un hasard : alors que son produit phare s’appelle « Le Chat » – clin d’œil à ChatGPT –, si Arthur Mensch, le PDG de Mistral, comme Emmanuel Macron, le prononcent tous deux exactement comme l’animal familier.

Le logo M a d’ailleurs délibérément la forme d’un chat. Ce Chat est français, et donc européen, et donc non seulement un concurrent agile pour les États-Unis, mais aussi un concurrent plus fiable dans l’environnement actuel.

Laissons la géopolitique de côté pour un moment, car si elle contribue au financement de Mistral, les véritables avantages de Mistral par rapport à ses rivaux sont plus locaux, et plus spécifiques – tout en conservant l’approche de l’indépendance.

Les principaux avantages du Chat pour les éditeurs français sont sa vitesse, qui est annoncée à 1000 mots par seconde (plus rapide que ChatGPT et Claude), et le fait qu’il soit à la fois open source et open weight. Prenons un peu de recul. La plupart d’entre nous, dans le secteur de l’édition, ont entendu parler de l’open source, mais de l’open weight ? Cela signifie essentiellement que Mistral propose ses produits sous différentes formes, soit complets avec tout ce dont vous avez besoin (mais à un certain prix), soit incomplets mais prêts à être développés. Étant donné qu’il prend en charge environ 80 langages de programmation, cela signifie qu’il existe un format pour à peu près toutes les bourses et tous les niveaux de compétence technique. Ensuite, il y a la question du langage humain ; ce n’est pas seulement qu’il est multilingue au sens propre (pratique pour l’Europe bien sûr), mais son modèle comprend mieux le langage que les grands modèles populaires, même si ceux-ci reposent sur des jeux d’entraînement immensément plus volumineux.

Grâce à son agilité féline, Mistral s’avère le candidat idéal pour les jeux de données d’apprentissage réduits ; imaginez l’intérêt pour les langues minoritaires et les dialectes.

À mesure que Vance, Trump et la Silicon Valley enflent d’orgueil, Mistral, lui, gagne en attrait.


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