Les médias sociaux et les éditeurs de presse entretiennent une relation tumultueuse depuis le tout début, mais après des années d’amour/haine, cette relation pourrait-elle toucher à sa fin ? Sommes-nous en train d’assister à ce qu’Hollywood aime appeler un conscious uncoupling ?
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Vous avez probablement pensé à l’exode de X. Le déclin spectaculaire depuis qu’Elon Musk en a pris la tête n’a fait que s’accélérer récemment : des titres aussi importants que The Guardian au Royaume-Uni, La Vanguardia en Espagne et Ouest-France ont tous annoncé leur départ en invoquant leur désir de se distancer d’une plateforme toxique de désinformation. La Fédération européenne des journalistes a depuis suivi le mouvement, et de nombreux autres sont susceptibles de faire de même.
Bluesky et Threadz se réjouissent de l’eXodus, mais il ne s’agit pas de rejeter une plateforme au profit d’une autre. En réalité, ce n’est pas seulement Musk, mais tout le paysage des médias sociaux qui est en train de changer. X avait déjà rendu sa plateforme moins conviviale pour les éditeurs de presse, en choisissant délibérément de priver de priorité les messages contenant des liens – le moyen le plus courant pour la presse de faire connaître ses articles. Après s’être battu avec les éditeurs de presse au Canada, et avoir finalement décidé de les ignorer, Meta semble avoir décidé cette année de supprimer complètement les informations sur ses plateformes. Il semble que les actualités posent trop de problèmes, en particulier avec ces éditeurs qui s’attendent à être payés pour leur travail et leur contenu.
Dans le même temps, les développements dans le domaine de la recherche ne sont guère encourageants. Non seulement l’IA répond aux requêtes sans diriger les lecteurs vers les sources, mais ces dernières semaines, Google a également expérimenté l’idée d’ignorer complètement les actualités. Avez-vous entendu parler du 1% ? Autrefois, un badge porté par des gangs de motards hors-la-loi ; ce mois-ci, l’expression prend un tout autre sens puisque Google expérimente la suppression de toutes les actualités dans les résultats de recherche pour 1 % des utilisateurs dans huit pays de l’Union européenne. Ce devait être 9, mais la France a rapidement fait remarquer que cette mesure violait un accord existant et qu’elle entraînerait une lourde amende. Google a rapidement exclu l’Hexagone de son expérience.
Google explique qu’il s’agit d’une démarche visant à déterminer comment servir au mieux le public et les éditeurs. Ceux d’entre nous qui travaillent dans l’industrie européenne de l’information craignent qu’il ne s’agisse surtout d’une façon de servir au mieux Google. L’avenir nous le dira.
Qu’est-ce que cela signifie ?
La plus grande leçon à tirer de tout cela est que nous ne pouvons manifestement pas compter sur les plateformes d’autres entreprises.
Chez Upgrade Media, nous avons toujours pensé que cela signifiait que les éditeurs devaient consacrer des ressources et maximiser les retours sur les plateformes qu’ils contrôlent eux-mêmes. Cela peut signifier :
- Offrir la possibilité de suivre les publications d’un journaliste ou d’un collectif de journalistes, d’un sujet ou d’une problématique permettra de renforcer les liens avec vos publics.
- Donner la priorité à vos propres plates-formes, y compris les newsletters et les podcasts.
- Chercher de nouvelles façons d’utiliser les newsletters et WhatsApp.
- Renforcer les relations directes avec le public par le biais d’événements et de parrainages.
Ce n’est pas le moment de déposer les armes.
Depuis le blocage des news Meta au Canada, Le Devoir a remarqué une hausse de 13 % des abonnés numériques et une « augmentation phénoménale du trafic » par l’entremise des recherches sur Google.
Cela montre surtout que les lignes de bataille ont changé et que ce qui compte désormais, ce ne sont pas les taux de clics ou le trafic, mais la profondeur de l’engagement et la proximité des relations avec les lecteurs.
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