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“L’app est notre produit le plus important” : comment The Times redéfinit sa stratégie numérique 

L’application mobile du Times est devenue le centre de gravité de sa transformation numérique. Objectif : rendre la rédaction plus efficace, l’expérience utilisateur plus engageante et le trafic plus pérenne, notamment face aux nouveaux canaux IA. Rencontre avec Edward Roussel, Head of Digital.

Le mardi 3 juin à 10 h, retrouvez-nous en direct sur LinkedIn pour une interview exclusive d’Edward Roussel, Head of Digital du Times & The Sunday Times, qui partagera les coulisses de la révolution numérique du journal, de l’essor de son application mobile à l’intégration de l’IA pour renforcer l’engagement des abonnés. Ne manquez pas ce rendez-vous clé des Medias Pionniers ! Pour découvrir l’ensemble des interventions et planifier votre participation, consultez dès maintenant le programme complet.

David Sallinen : Pour commencer, est-ce que tu peux nous parler du projet phare que vous avez récemment mené au Times ?

Edward Roussel : Le plus gros chantier de ces derniers mois est le lancement de notre nouvelle application. On a d’abord relancé notre site web, puis on s’est concentré sur l’app, qui est aujourd’hui le produit le plus important pour nous. Sur nos 630 000 abonnés numériques, la majorité utilise l’app, c’est vraiment le cœur du dispositif.

DS : C’est donc plus qu’une refonte technique. On pourrait dire que cette nouvelle app incarne votre nouvelle feuille de route numérique ?

ER : Exactement. L’app concentre les priorités de notre stratégie numérique. Elle permet d’adresser trois grands enjeux : l’efficacité de la rédaction, l’amélioration du service aux lecteurs et l’impact des nouvelles sources de trafic, notamment l’IA. Mais pour être clair, aujourd’hui, l’engagement de nos lecteurs est la priorité numéro un. 

DS : Tu parles d’efficacité, notamment au sein de la rédaction. Comment l’IA intervient-elle à ce niveau-là ?

ER : L’IA nous aide à automatiser un certain nombre de tâches. Aujourd’hui, produire une page du journal peut mobiliser quatre rédacteurs pendant cinq ou six heures. On veut réduire cela à une seule personne, appuyée par des outils automatisés : récupération de l’article, mise en page, découpage… Cela nous permet de libérer du temps pour que ces mêmes personnes se concentrent sur l’app, là où se joue désormais l’essentiel de la relation avec le lecteur.

DS : Est-ce que cette logique de recentrage sur l’app implique aussi un changement dans la manière dont vous concevez les contenus ?

ER : Oui. On a repensé notre CMS pour qu’il impose des titres et des résumés optimisés pour mobile. On a aussi complètement supprimé les photos issues de banques d’images gratuites : elles dégradent la qualité perçue. À l’inverse, on met en avant des visuels, des graphiques et des vidéos de qualité. Enfin, on a introduit une logique plus profonde de navigation par intérêt, ce qu’on appelle chez nous les passion topics.

DS : Peux-tu nous expliquer cette logique de passion topics ?

ER : C’est une approche qui s’inspire du modèle Spotify. Avant, les gens achetaient des albums. Aujourd’hui, ils construisent des playlists. Pour nous, c’est pareil : on passe d’un journal pensé comme une édition globale à une offre pensée autour de centres d’intérêt personnels. Suivre un journaliste, un sujet étroit — tennis, opéra, livres… — devient central. Ce sont des sujets à forte valeur pour une niche très engagée. Et notre défi est de rendre ces “long tails” visibles, accessibles et suivables.

DS : Est-ce que vous commencez à mesurer les effets de cette approche ?

ER : C’est en cours. On a déployé progressivement l’app depuis avril et depuis la semaine dernière, nous sommes à 100 % du lancement complet. On commence à traquer l’impact sur l’engagement, en particulier sur les repeat visits, qui sont notre indicateur clé. Si un abonné revient plus de 10 fois ou plus par mois, la probabilité qu’il nous quitte devient très faible. C’est donc là-dessus que l’on concentre tous nos efforts. Actuellement, plus de 80% de nos lecteurs quotidiens reviennent vers nous plus de 10 fois par mois. 

DS : Et côté trafic externe ? Vous observez déjà des effets liés à l’IA ?

ER : Partis de zéro, ChatGPT représente déjà entre 3 et 4 % de notre trafic ; c’est plus que Google News. On suit cela de très près. On a aussi lancé un projet Deep Context qui permet aux lecteurs d’aller plus loin sur un sujet donné, en posant des questions à nos archives via l’IA. L’objectif est toujours le même : enrichir l’expérience de lecture.

DS : Tu évoques aussi l’idée d’un futur projet autour de la recirculation ?

ER : Oui, c’est notre prochaine étape. Pour l’instant, on a identifié 70 topics très spécifiques : théâtre, cricket, tennis, etc. L’idée est que les lecteurs puissent les suivre et recevoir des contenus pertinents. C’est une stratégie de fidélisation très ciblée.

DS : Si tu devais résumer en une phrase ce virage stratégique ?

ER : On veut proposer une expérience numérique plus efficace, plus pertinente, et plus personnelle, en plaçant l’app et les passions du lecteur au cœur du dispositif.


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