Les mauvaises nouvelles font vendre. Comme disent les Anglais – if it bleeds, it leads (le sang à la Une). L’idée reçue selon laquelle les mauvaises nouvelles sont celles que le public attend remonte à la nuit des temps. Mais cela n’est pas la seule carte à jouer.
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Les mauvaises nouvelles sont là pour perdurer. Les récentes Assises du journalisme de Tours ont été l’occasion d’une enquête Viavoice qui a révélé que sept lecteurs français sur dix se déclarent « plutôt » ou « beaucoup » intéressés par les faits divers – ces récits typiquement courts de choc et d’horreur.
Pour beaucoup, ce sondage n’a rien de nouveau. D’ailleurs, tout le monde sait que les faits divers ont toujours aidé à vendre des journaux et à faire de l’audience.
Ce qui fait réfléchir les professionnels de l’info que nous sommes, c’est que six personnes interrogées sur dix pensent que ces informations devraient occuper « une place au moins aussi importante » que les informations politiques, internationales ou économiques.
On peut noter que certains faits divers récents sont allés bien au-delà des brèves macabres et ont eu un retentissement national ; l’affaire Pélicot en est un exemple évident.
Cela dit, compte tenu du goût pour les faits divers de nos compatriotes, il est intéressant de noter que les personnes interrogées ont décrit leurs émotions ressenties comme étant la « colère » (39%) et la « tristesse » (32%), juste avant la « curiosité » et le « dégoût » (22% chacun).
Est-ce donc cela qui fait vendre et fait venir sur nos sites ? Est-ce ce vers quoi nous, en tant que médias, nous devons nous tourner pour lutter contre la menace constante de l’évitement de l’information ? Et ainsi, rendre toujours plus en colère et plus tristes nos lecteurs.
Ou s’agit-il d’un exemple classique de biais de confirmation ? Est-ce que les médias publient beaucoup d’histoires de faits divers parce que le public aime ça, ou bien est-ce qu’on croit à tort que le public aime ça simplement parce qu’on leur en donne constamment ?
Mais dire que « les mauvaises nouvelles font vendre » ne suffit pas. En réalité, ce ne sont pas les seules histoires qui intéressent ou font parler le public. Ce sont simplement celles dont les médias parlent le plus souvent.
Chuuut, ne le dites pas à tout le monde : les bonnes nouvelles savent aussi attirer l’attention.
Ces derniers jours ont vu le lancement d’un journal, (Le Journal de Sainte-Foy, Sillery, Cap-Rouge et Saint-Augustin-de-Desmaures), au Québec, qui se distingue en privilégiant les bonnes nouvelles, en étant imprimé sur du papier et en étant fièrement hyperlocal. Ne nous emballons pas, il s’agit d’une entreprise modeste, mais avec 40 annonces dans son édition de 48 pages, tirée à 62 500 exemplaires, le rédacteur en chef, Jean-Luc Lavoie, déclare des ventes d’annonces de l’ordre de 40 000 $, qui devraient passer à 50 000 $ pour le mois de mars.
Plus important encore, le titre est en discussion avec des journaux existants sur les possibilités de collaboration.
Les médias n’en sont pas à leur coup d’essai. Le Good News Network a vu le jour en 1997. En France, Le Media Positif a été lancé en 2020. En novembre dernier, les lecteurs de 20 minutes en Suisse ont pu constater que les éditeurs de presse misaient sur les bonnes nouvelles. S’ils jetaient un coup d’œil à leurs homologues français, ils constateraient que 20 Minutes France a déjà son Actualité Positive.
Cela ne veut pas dire que ‘les bonnes nouvelles’ se sont avérées être des bonnes nouvelles pour tout le monde. Le Guardian a lancé une newsletter sur les bonnes nouvelles intitulée « The Upside », mais elle semble avoir disparu. Ou bien il n’y a pas eu de bonnes nouvelles depuis environ six ans.
Chez Upgrade Media, la positivité hyperlocale du Journal de Sainte-Foy, Sillery, Cap-Rouge et Saint-Augustin-de-Desmaures est plus intéressante que certaines bonnes nouvelles nationales remaniées par l’IA.
À bien des égards, il s’agit du revers de la médaille des histoires de chiens écrasés qui dominent l’actualité.
Les faits divers et les marchands de nouvelles positives courtisent les émotions, qu’il s’agisse de la colère, de la tristesse ou de la joie. Les deux courtisent la curiosité et sont très humains. Il est difficile de ne pas voir dans ces deux types d’informations des alternatives à l’actualité dominante qu’un grand nombre de personnes évitent de plus en plus, comme nous le savons.
Peut-être devrions-nous consacrer plus d’efforts aux chiens écrasés et aux plaisirs quotidiens à l’ère des nouveaux formats, d’autant plus que cette même étude sur les lecteurs a révélé non seulement un appétit sans faille pour les mauvaises nouvelles, mais aussi une appréciation des reportages humains.
En fait, de manière surprenante compte tenu des pressions exercées sur la presse, l’étude a révélé que l’appréciation du journalisme lui-même avait augmenté au cours de l’année écoulée.
Ce qui est une bonne nouvelle pour votre journée.
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