Face à la montée en puissance de la désinformation, le réflexe dominant est devenu le « fact-checking ». Mais et si cette logique défensive ne répondait plus aux enjeux ?
C’est la question que nous débattrons avec Fabrice Frossard lors de la session du 10 juin, à 16h de Médias Pionniers afin de mieux comprendre et maîtriser les mutations du journalisme.
La fin d’un réflexe : débunker ne suffit plus
« Aujourd’hui, chacun peut se créer son propre média. » Pour Fabrice Frossard, la capacité de produire, commenter, interpréter l’information s’est démocratisée. Mais elle s’est aussi radicalisée. Résultat : les journalistes se retrouvent à courir après des narrations déjà virales, souvent fausses, parfois toxiques.
Le problème ? « Le flux, le flux, le flux… » L’information circule trop vite pour être corrigée efficacement. La défiance s’est installée et les audiences sont fragmentées.
Changer de posture : contextualiser avant de contredire
« Le plus grand reproche que je fais à la presse, c’est le manque de mise en perspective. » Plutôt que de répondre point par point aux fake news, il s’agit de prendre de la hauteur. Expliquer, replacer les faits dans leur contexte, offrir plusieurs niveaux de lecture. En un mot : donner du sens.
Ce que propose Fabrice Frossard, c’est un retour à une logique d’explication, et non de réaction. Cela implique un changement profond dans la manière de produire l’information.
L’IA : un défi, mais surtout un révélateur
« L’IA automatise le langage. Pour la presse, ça bouleverse tout. » La révolution technologique actuelle, avec l’IA générative, pousse les journalistes à redéfinir leur rôle. La machine peut produire, mais ne peut pas rencontrer, enquêter, incarner. Ce qui reste, c’est l’interprétation, la narration, la responsabilité.
Et surtout, une nouvelle question : que reste-t-il du journalisme si chaque lecteur peut générer ses propres récits ?
Revaloriser le journalisme comme expérience
Fabrice Frossard plaide pour une vision du journalisme orientée lecteur : « Il faut considérer le lecteur comme un client. » Pas au sens commercial, mais en termes d’expérience : comprendre ses attentes, analyser ses réactions, structurer une offre éditoriale qui donne envie de s’informer.
Cela suppose de dépasser les postures d’autorité pour renouer avec une écoute active, un dialogue. C’est le seul moyen de regagner la confiance.
Pour reconstruire la confiance, viser le slow journalisme
« Il faut sortir du flux, sortir du journalisme purement d’opinion. » Ce que Fabrice Frossard appelle de ses vœux, c’est une presse qui prend le temps : formats longs, enquêtes, récits pluriels. Moins de bruit, plus de signaux faibles.
Et une ambition : que l’information redevienne un outil de compréhension, pas seulement un produit de consommation.
Inscrivez-vous à la session du 10 juin – 16h00 !
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