Nous savons tous ce qu’est le bon journalisme. Ses valeurs sont intemporelles, immuables et ne font l’objet d’aucune discussion. C’est vrai ! Mais que se passe-t-il si ces valeurs ne sont plus en phase avec le public moderne, qui abandonne les médias traditionnels parce qu’ils ne semblent plus pertinents ? Il est temps de repenser, ou plus précisément de réorganiser nos priorités.
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Demandez à n’importe quel journaliste ce qu’est un bon journalisme et les mêmes mots reviendront : objectivité, équilibre, recherche approfondie, vérification des faits et présentation cohérente de l’information.
En matière d’objectivité, il y a déjà bien assez de soucis à se faire. Ces dernières semaines, Fox est devenue la chaîne de Trump, et en France, on s’inquiète du fait que la plus ancienne école de journalisme ait été rachetée par des magnats des médias. L’évitement de l’information et la perte de confiance dans le journalisme semblent être acceptés comme le destin des médias. Les voix partisanes et de plus en plus extrêmes se multiplient, et il est tentant de pointer du doigt les médias traditionnels et de les accuser d’être déconnectés de la réalité.
C’est pourquoi, il est d’autant plus intéressant de comparer les résultats des études qui demandent aux journalistes et à leur public ce qu’est un bon journalisme. C’est exactement ce qu’a fait une nouvelle étude chilienne, réalisée par Claudia Mellado et Constanza Gajardo (cf. au tableau simplifié des perspectives entre journalistes et audiences, au pied de cet article).
NiemanLab résume la disparité de définition comme suit : « Au lieu des valeurs professionnelles traditionnelles des journalistes, le public a mis l’accent sur les éléments humains : l’accessibilité, l’empathie et la capacité à communiquer clairement et de manière à susciter une résonance émotionnelle.
Avec toute l’attention portée à la menace de l’IA, nous devrions certainement nous réjouir de ce désir d’une touche plus humaine, d’une « résonance émotionnelle ».
Ce n’est pas la première fois que l ‘objectivité est remise en question en tant que principe sacré du journalisme.
À quand remonte la dernière fois que vous avez interrogé vos journalistes sur leur définition ?
Au début de l’année, le NiemanLab a publié un article qui incite à la réflexion sur la question de savoir s’il est temps de remplacer l’objectivité, puisque l’idée que nous nous faisons de l’objectivité est un mythe. D’aucuns soulignent l’existence d’une orthodoxie ancrée dans les écoles de journalisme qui pourrait être de plus en plus déconnectée de la réalité.
Cela ne signifie pas la mort du journalisme. Cela ne signifie même pas la mort de l’objectivité. Mais cela pourrait signifier que l’objectivité seule ne suffit pas. Ce qui nous ramène au travail d’analyse des besoins des utilisateurs effectué à la BBC et défendu par des personnes telles que Dmitry Shishkin.
Les valeurs journalistiques solides telles que l’objectivité, l’impartialité, la recherche et la vérification des faits restent au cœur du métier. Mais le fait de ne pas s’adapter à l’évolution évidente des attentes des utilisateurs ne fait que confirmer que nous risquons d’être déconnectés de la réalité. Le fait que la définition du bon journalisme n’ait pas changé depuis au moins un siècle est un indice.
À quand remonte la dernière fois que vous avez interrogé vos journalistes sur leur définition ? La direction a-t-elle discuté des priorités relatives à l’empathie et l’objectivité ? Votre organisation a-t-elle étudié les besoins de ses utilisateurs et en a-t-elle fait part à toutes les personnes impliquées dans la création de contenu ? En effet, il semble qu’il soit de plus en plus temps de le faire.
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